CMI 2022#4
L’édito par Philippe Hostaléry, directeur général du CTICM
L’année 2022 finira dans quelques jours. Une année compliquée marquée par le retour de la guerre en Europe. Plus prosaïquement, c’est l’année de l’explosion des prix, aussi bien ceux des matières premières que ceux de l’énergie. Il y a un impact direct et évident sur nos activités et il devient de plus en plus aléatoire de se risquer à des prévisions à moyen terme. Il y a 4 ans, quand j’ai rédigé avec le Syndicat français de la construction métallique le contrat d’objectif et de performances qui devait être la feuille de route du Centre pour les années qui venaient, j’avais retenu comme axe stratégique de développement le marché du réemploi. À l’époque, il s’agissait de faire comprendre que l’on ne pouvait pas se satisfaire du discours selon lequel 95 % des aciers étaient réutilisés en recyclage. C’est vrai, c’est très bien et pour peu que ce recyclage soit réalisé par la filière électrique, cela peut même être économe en CO2. Si en plus l’électricité est décarbonée, on obtient un acier vert ! Mais cela ne suffit pas ! L’idéal, c’est de ne pas recycler l’acier mais de le réutiliser. En effet, avec l’acier de réutilisation, les constructeurs métalliques disposent du seul matériau vraiment zéro carbone. Et même s’il faudra bien prévoir un peu d’adaptation, voire de réparation et de remise en peinture, l’impact carbone de ces éléments sera bien plus faible, sans commune mesure avec les autres matériaux, fussent-ils biosourcés. Et compte tenu des objectifs de la RE2020, l’incorporation de ces profils réutilisés dans les bâtiments neufs sera une des
principales voies permettant de respecter les seuils réglementaires.
Mais si le concept est simple à exprimer, la mise en œuvre se révèle bien plus compliquée : le marché n’est pas prêt, les entreprises ne sont pas organisées et il est difficile de répondre à la question de base : « Où vais-je trouver les profils de deuxième vie dont j’ai besoin ? » De plus se pose immédiatement la problématique de la qualification de ces aciers, de leur assurabilité et de leur compatibilité avec les divers règlements. Un vaste chantier pour le CTICM pour les mois à venir.
Cette édition du CMI laissera une large place à Valobat, qui vous permettra de comprendre ses missions ordonnées par la loi AGEC. Pour faire simple, il s’agit de gérer les déchets. Toutefois, en matière de charpente métallique, nous pouvons affirmer qu’il n’y a pas de déchets puisque tant les chutes, les surplus, que les éléments déconstruits sont une matière première précieuse et systématiquement valorisée. Pourquoi aller jeter ce que je peux vendre ? Il faut donc faire en sorte que l’éco-contribution nouvellement créée, aussi faible soit-elle, soit le levier de développement de ce marché du réemploi qui sera la chance de notre filière.
Au moment de conclure ces quelques lignes, il ne me reste plus qu’à vous souhaiter de bonnes fêtes de fin d’année et une bonne lecture.